mercredi 27 janvier 2016

Des Spetsnaz russes dans le nord de la Syrie.

À la fin de Novembre 2015, le Pentagone a déployé 90 formateurs d’opérations spéciales pour entrainer les milices de combattants kurdes et les membres de l’opposition syrienne qui contrôlent le barrage de Tishrin sur l’Euphrate. . Pour la forme et dans un but purement communicationnel, l’armée américaine avait parachuté 112 palettes d’armes et de munitions pour les Kurdes du nord de la Syrie, ce qui était une quantité négligeable [1]. La Turquie a riposté en abattant deux hélicoptères américains qui ravitaillaient les Kurdes syriens.
Le 19 Janvier, 2016, trois autres pelotons de sécurisation de la 101ième division aéroportée américaine sont venus de Turquie et ont occupé l’aérodrome syrien de Rmelan, situé dans la province de Hasakeh au Nord-Est de la Syrie. [2]. La piste de l’aérodrome de Rmelan, longue de 700 m, était utilisée par les avions agricoles et ne peut recevoir que les hélicoptères américains. Il semble que les soldats de Rmelan font partie des 1800 soldats de la 101ème division, appuyés par des hélicoptères d’attaque AH-64, qui seront déployés dans le nord de l’Irak et de la Syrie pour se battre contre l’EI.
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Et toujours sans l’approbation de Damas, environ 100 soldats turcs, accompagnés de véhicules blindés, ont traversé la frontière de la Syrie, occupant un quartier de la ville de Jarablus, sur les rives de l’Euphrate. La ville avait été reprise à l’EI, après de rudes combats, par les militants kurdes en Syrie, l’YPG. Le prétexte de l’incursion de l’armée turque a été que les militants de l’YPG kurdes ont ignoré l’avertissement de la Turquie de ne pas se déplacer à l’ouest de l’Euphrate. Entre Azaz et Jarablus, la frontière syro-turque est contrôlée par l’EI. C’est par cette région que transitent régulièrement, à partir de la Turquie, les nouvelles recrues, les armes et les munitions à destination de l’EI et d’autres groupes djihadistes en Syrie.
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Le quotidien turc « Hurriyet » ( http://www.hurriyetdailynews.com/the-secret-of-the-russian-soldiers-in-qamishli. aspx? PageID = 238 & NID = 94174 and NewsCatID = 508 ) accuse la Russie d’avoir déployé avec des avions de transport syriens, une compagnie de 200 soldats à l’aéroport de Qamishli, sur la frontière avec la Turquie. La ville de Qamichli, avec 184 231 habitants, se trouve dans le gouvernorat de Hasakeh au nord-est de la Syrie, à 50 kilomètres au Nord-Ouest de Rmelan. La piste de l’aéroport de Qamishli a pour dimensions 3615 m X 46 m, et peut recevoir les gros avions de transport militaire de la Russie de type AN-126 et Il-76.
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L’aéroport de Qamishli, sous autorité de l’aviation civile syrienne, dessert des dizaines de vols hebdomadaires à destination de Damas, Lattaquié, Beyrouth, Bagdad, Amman et Koweït, grâce aux compagnies aériennes Syrian Air, Kinda Airlines, Cham Wings et Fly Damas. En outre, l’aéroport de Qamishli et les systèmes de protection de la navigation aérienne sont protégés par une défense anti-aérienne assurée par le 154ième Régiment de l’armée syrienne. Des soldats russes sont cantonnés dans la garnison de cette unité.
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Le contrôle de la ville de Qamichli et de ses environs, y compris la route Qamishli-Hasakeh est assuré par les soldats de l’armée syrienne des bases de Qamishli, Tell Brak et le Kawkab (Hasakeh) et par la milice pro-gouvernementale assyrienne (chrétienne). Les milices kurdes ont créé des postes de défense contre ISIS disposés dans les localités, à 50 km au sud de la frontière turque.
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Les journalistes turcs pensent qu’il s’agit d’une réponse de la Russie pour la destruction de l’avion Su-24 par le F-16 turc, et qu’elle cherche à créer une nouvelle base aérienne pour ses bombardiers et former un bouclier de protection pour la branche armée du Parti de l’Union démocratique kurde (YPG) contre les raids aériens et les frappes de l’artillerie de la Turquie. YPG, qui se bat contre l’Etat Islamique dans le nord la Syrie, bénéficie du soutien matériel et militaire de la Russie. Il est étroitement lié au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), interdit en Turquie. Jusqu’à preuve du contraire, entre l’armée arabe syrienne et les milices kurdes, il existe depuis plus d’un an, un pacte tacite de non-agression. Et la Russie est le seul défenseur de l’inclusion du YPG kurde dans le format des pourparlers de paix des Nations Unies pour l’avenir de la Syrie.
Les soldats russes de l’aéroport Qamishli font partie d’une unité d’opérations spéciales (Spetsnaz) dépendant directement du GRU, le service de renseignement militaire de la Fédération de Russie. Les Spetsnaz comptent 13000 combattants, leurs unités étant structurées en détachements indépendants de commandos de 12 soldats. Les détachements de Spetsnaz sont spécialisés dans les actions d’infiltration des groupes de l’EI à des fins de sabotage, de capture ou de neutralisation totale des chefs des groupes [3].
Lors de la conférence de presse du ministère de la Défense de la Fédération de Russie du 2 Décembre 2015, les généraux russes ont prouvé, avec des photos prises par satellites et par avions de reconnaissance sans pilote russes, que la principale source de financement des terroristes de l’EI était la vente illégale de produits du pétrole vers la Turquie [4]. Un des itinéraires utilisés a pour point de départ les champs pétrolifères autour de la ville de Deir ez-Zor à l’Est de la Syrie, remonte vers le nord, sur les rives de l’Euphrate, et aboutit à la raffinerie turque de Batman, située à 60 km au nord du point de traversée de la frontière Turco-syrienne, à Qamishli [5]. En occupant l’aéroport de Qamishli, la Russie prouve qu’elle est le seul pays pragmatique dans la lutte contre l’EI en coupant les sources de financement du terrorisme du groupe.
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Donc, la vraie raison de la colère de la Turquie provient de l’intention des Russes de sécuriser l’ensemble de la frontière turco-syrienne, d’une longueur de 250-300 km et une profondeur de 50 km, afin d’empêcher la vente illégale de pétrole syrien en Turquie et l’approvisionnement en armes de l’EI et d’autres groupes djihadistes. Par conséquent Qamishli peut devenir une importante tête de pont à travers laquelle les Spetsnaz peuvent apporter, par voie aérienne directement à partir de la Russie, des troupes, des véhicules blindés et de l’artillerie pour sécuriser la frontière turco-syrienne, faisant en même temps, la jonction avec les troupes syriennes qui combattent dans l’Est du gouvernorat d’Alep [6]. En outre, les troupes aéroportées russes ont commencé à introduire dans leur dotation quelques dizaines de types de blindés et d’obusiers automoteurs qui offrent un rythme offensif supérieur, dans le cadre des tests que la Russie souhaite mener dans les conditions réelles de combat en Syrie.
L’aéroport de Qamishli pourrait aussi servir de base aérienne temporaire pour les hélicoptères de soutien et de transports des Spetsnaz. L’aéroport de Qamishli est trop proche de la frontière avec la Turquie, c’est pourquoi je ne pense pas qu’il sera utilisé par les bombardiers russes.
Traduction Avic – Réseau International
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Le déploiement militaire russe dévoilé par les selfies de soldats

La géolocalisation et le contenu de selfies postés sur les réseaux sociaux par les soldats russes en Syrie démontrent l'ampleur des interventions militaires terrestres niées par Moscou.

Les forces russes déployées en Syrie ont annoncé leur dernière série de frappes aériennes sur le pays le 25 janvier. Selon les autorités militaires, 484 cibles ont été bombardées depuis le 22, à l'ouest, dans la région de Lattaquié. Avec Tartous, cette ville portuaire est la deuxième à abriter une base russe en Syrie. Au début de la campagne aérienne, le 30 septembre 2015, les forces russes étaient estimées à 2 000 hommes. Selon des responsables américains, ils étaient plus du double en novembre dernier.
Des indices tendent à prouver que des soldats russes sont stationnés bien au-delà des bases de Tartous et Lattaquié. Le journaliste Julian Röpcke, du quotidien allemand Bild, a diffusé le 26 janvier sur Twitter des selfies postés par des militaires, dont la géolocalisation indique qu'ils sont à proximité de Hama, dans le centre du pays. Cette ville, ancien fief de l'insurrection des Frères musulmans de 1982 contre le régime d'Hafez al-Assad, père de l'actuel dirigeant syrien Bachar al-Assad, est située à une centaine de kilomètres de la base russe de Lattaquié.
Sur un premier selfie, Irbis Balushkin, militaire russe, a posté une photo de lui, sur le réseau social VKontakte, le Facebook russe. Selon la géolocalisation, il se trouve dans le district de Al-Suqaylabiyah, au nord-ouest de Hama.
Sur un second, Maximka Lukyanov, sans doute membre des troupes aéroportées qui disposent des célèbres marinières à rayures bleues et blanches, a posté plusieurs photos de lui. L'une d'elle laisse apercevoir un char d'assaut, probablement un T-72 de fabrication soviétique. Sa géolocalisation le situe dans le gouvernorat de Hama.
Sur un autre, Alexey Tyurin, portant l'uniforme de l'armée de l'air russe, répond dans un commentaire à un de ses contacts qu'il se trouve à Hama.
Si ces géolocalisations étaient exactes, elles confirmeraient que l'intervention russe en Syrie n'est pas seulement aérienne, et qu'elle s'étend profondément dans le territoire syrien.

L'intervention menée depuis fin septembre par l'armée russe en Syrie a permis de secourir les forces armées syriennes. Celles-ci ont repris l'initiative face aux mercenaires djihado-sionistes. Le 26 janvier, l'armée arabe syrienne a annoncé la prise de la ville de Cheikh Miskine, près de la frontière jordanienne. Cette prise d'un fief rebelle renforce le poids de l'Etat légitime syrien et de ses alliés dans les négociations face aux mercenaires à la solde de l'étranger, à venir sur la résolution du conflit.

VOIR AUSSI : Syrie. Les troupes de choc russes “la Mort Noire”
Hannibal GENSERIC

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